No-code et low-code, pouvoir programmer sans les codes ?

La multiplication des solutions en ligne de type no-code et low-code pourrait bien démocratiser la création de produits numériques. À en croire les vendeurs de miracles, nous serons tous développeurs demain, sans même avoir appris à coder. Gros chiffres et investigation à l'appui, le cabinet américain Gartner estime que d’ici 2024, les deux tiers des applications seront développées en low code.

Utopie ou réalité ? Ces outils, sont-ils vraiment des solutions miracles ? Le no-code, a-t-il un avenir prometteur ? Est-il réellement possible de réaliser un produit numérique sans connaissances techniques ?

C’est quoi le no-code, c’est quoi le low-code ?

Ces deux outils sont souvent confondus, à tort. Leur apparition et leur montée en puissance sont étroitement liées, car ces solutions sont complémentaires. Il reste toutefois important de les dissocier.

Les solutions low-code s’adressent à des profils initiés dans la programmation (disposant donc de solides bases techniques) ayant besoin de réduire la quantité de code qu’ils vont écrire. Ces solutions leur permettent de se débarrasser de tâches redondantes pouvant être exécutées de façon semi-automatisée pour programmer plus rapidement et ainsi gagner du temps. Avec la solution low-code environ un quart du produit sera codé « en dur ».

La solution de no-code Bubble permet de glisser et déposer des composants génériques, comme avec des Lego, en un peu plus compliqué.

Les solutions de no-code elles permettent à n’importe quel type d’utilisateurs de créer des produits numériques, sans connaissances et compétences préalables en développement informatique. Ce sont des environnements de développement intégrés, visuels (et non textuels) qui permettent de créer des produits numériques en utilisant le plus souvent des mécaniques de « glisser-déposer » émanant d’une bibliothèque de composants génériques. Ici, il suffit de cliquer pour créer quelque chose, plus besoin d’entrer des lignes de commande.

Brève histoire du no-code et du low-code

Difficile de borner strictement la naissance de ces solutions, car leur définition est large et peut inclure tous les outils permettant de simplifier la communication entre l’homme et la machine. On serait toutefois tenté de dire que ces solutions apparaissent à la fin des années 1997 avec un outil : Dreamweaver d’Adobe, premier éditeur HTML de type WYSIWYG (« ce que vous voyez est ce que vous obtenez »).

Le progiciel d’Adobe Dreamweaver, pionnier des WYSIWYG

En 2003, la sortie de WordPress révolutionne le marché du développement en facilitant considérablement la création de sites internet. Le logiciel proposant de créer un blog facilement sans avoir à coder. Dans le domaine du retail (vente en ligne), l’apparition de Shopify en 2007 permet aux individus et aux entreprises de créer et d’animer leur propre magasin en ligne facilement.

Les années 2015-2020 marquent un tournant pour les solutions de no-code et de low-code. On constate une explosion des levées de fonds supportant le développement de ces solutions. Pour preuve, les investissements réalisés aux USA vers les start-ups low-code et no-code ont été multiplié par 4 ces cinq dernières années (114 millions de dollars en 2014, 529 millions en 2019).*

Plus récemment, les levées de fonds de jeunes entreprises et leurs montants considérables sur l’année 2021 affirment un engouement certain et une confiance assurée de la finance dans l’avenir de ces entreprises :

  • Bubble (SaaS pour développement d’applications web et mobile) lève 100M$
  • Webflow (CMS pour site web et développement frontend) lève 140M$
  • Notion (stockage de contenu et productivité) 275M$ en 2021
  • Airtable (tableur en ligne et base de données) lève 735M$

Pourquoi parle t’on autant des solutions no-code et low-code ?

L’ascension des solutions no-code et low-code est due à la combinaison de plusieurs facteurs. Citons-les par ordre d’importance.

Le domaine du digital revêt un contexte à l’équilibre fragile : le manque de développeurs est de plus en plus criant. Le nombre d’experts disponibles sur le marché par rapport aux besoins à toujours été trop faible, et la problématique ne fait que s’accentuer. Lié à la volonté des programmeurs de développer des GUI (Graphical User Interface), la solution no-code ou low-code doit faciliter l’accès à la création de produits numériques pour le plus grand nombre, afin de soulager les équipes IT, souvent surchargées.

John cherchant des développeurs…une denrée (trop) rare.

La seconde grande raison expliquant le boom du no-code réside au niveau de son coût. Avec un taux d’échec très élevé dans les 3 premières années suivant l’apparition d’un nouveau produit numérique, les coûts générés par le développement soulèvent de nombreux freins et sont des points bloquants pour les entrepreneurs ayant un budget réduit. Ils veulent tester leur produit sur le marché sans avoir à se ruiner. 

Les startups naissantes sont donc logiquement les premières consommatrices de ces solutions, qui leur permettent de construire un MVP en quelques mois. On parle d’une Ã©conomie de moyens : ces blocs, modèles, widgets ou encore plugins sont réutilisables. Tout existe déjà, il n’y a « qu’à » piocher dans une bibliothèque d’éléments génériques parfois personnalisables pour construire son application sur mesure.

Troisième explication importante, les solutions no-code et low-code permettent de réduire les délais de production à court terme. Ces outils font gagner du temps aux développeurs en leur « mâchant le travail » sur les parties les plus basiques d’une application, en leur permettant de se concentrer sur les parties les plus complexes d’un projet. À ce titre, le cabinet 451 Research a montré que les entreprises pouvaient gagner deux fois plus de temps sur la phase dedéveloppement en utilisant une solution low-code qu’en faisant appel à des langages de programmation traditionnels. **

Limites et contraintes du no-code et low-code

Toute entreprise ne comprend pas forcément de service informatique en interne, et le manque de connaissances sur les sujets de sécurité induit des risques. Côté sécurité informatique, l’utilisation incontrôlée de solutions no-code et low-code en ligne peuvent engendrer des problèmes : fuites de données, non-conformité, problèmes de confidentialité ou de gestion des droits, conflits de protocole entre applications, et autres failles…

Dans le cadre d’un développement sur-mesure, l’entreprise dispose des droits de propriété de l’application créée. Or, ce droit de regard n’existe pas ou rarement avec ces plateformes. Les fonctionnalités qu’elles proposent sont par ailleurs bien souvent assez limitées et correspondent la plupart du temps à des projets au fonctionnement somme toute assez standard et basique. Vous pouvez donc dire adieu aux fonctionnalités complètement innovantes ou vraiment complexes et vous avez de grandes chances de vous retrouver avec une application assez similaire à celle de votre voisin !

Côté compétences, ne s’improvise pas « citizen developer » qui veut. Après avoir essayé plusieurs de ces solutions, nous constatons malgré tout qu’un minimum de bagage technique, une solide culture des bases de données et une réelle appétence pour l’UX et l’UI sont souvent requises pour réaliser correctement la plupart des projets.

Gaspard constatant du phishing sur une solution low-code.

L’avenir du no-code et low-code

En considérant tous les avantages du no-code, on peut penser que ces outils ont un avenir prometteur. La programmation manuelle (avec code) est un métier complexe et très qualifié, les développeurs informatiques qualifiés se font de plus en plus rares.

Généralement, les entreprises cherchent également à minimiser les coûts. Le prix du développement peut rapidement être élevé. Ajouté à cela, l’entreprise peut subir des contraintes de temps toujours plus serrées émanant des investisseurs. La logique pousse alors cette dernière à tester la pertinence d’un produit numérique pour s’adapter promptement et faire machine arrière en cas d’échec. Dans une logique entrepreneuriale, il faut pouvoir sortir une idée de terre rapidement et à moindre cout : les solutions no-code et low-code peuvent être dans certains cas une solution adaptée.

Les plateformes no-code ou low-code ne sont cependant pas une recette miracle. Elles permettent toutefois de libérer les développeurs d’une partie de leurs tâches soit en les simplifiant soit en leur permettant de les confier à des collaborateurs un peu moins expérimentés mais tout autant motivés.

La fausse fin des développeurs

Il est probable que le no-code et low-code remplace à terme le développement de fonctionnalités relativement basiques, cependant, nous pensons qu’il existera toujours un besoin certain pour des développeurs aguerris, que ce soit pour coder des applications plus complexes ou pour améliorer et sécuriser les applications développées à l’aide de ces outils.

Nous pensons qu’il faut relativiser la portée des solutions no-code/ et low-code. Si les produits numériques réalisés via des plateformes low-code requièrent les compétences d’un développeur pour 20 à 30% des lignes de code générées, leur développement nécessite avant tout une compréhension globale des problématiques produit, design et technique d’un projet, ce que seul un développeur et une équipe produit confirmée sont capables d’appréhender de manière poussée.

Le nocode remplacera t’-il les développeurs ? Aucune chance selon Gordon.

Finalement, tout dépendra du type de projet voulu, les exigences d’un MVP ou d’un POC étant fondamentalement différentes d’un produit mature sur-mesure. En bref, le low-code et le no-code offrent des possibilités infinies pour créer, innover et tester de nouvelles idées dans des temps records !

*Source : Les échos

**Source : 451 Research

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